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Anne Charbonneau

(médecine dentaire 1981, santé communautaire 1995, santé publique 1999)

La vice-doyenne aux études de 1er cycle à la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Montréal (UdeM), Anne Charbonneau, peut affirmer qu’elle a eu plusieurs carrières en une. D’abord clinicienne, puis chercheuse et enseignante, elle consacre maintenant le plus clair de son temps et de son énergie au doctorat en médecine dentaire et à ses étudiants. Ceci ne l’empêche pas de réfléchir à des solutions pédagogiques appliquées au domaine de la santé.

« Si je devais définir une trame, ce serait l’humain, résume-t-elle. C’est ce qui me passionne, depuis mes débuts dans les années 80, à Sainte-Julie sur la Rive-Sud de Montréal, à traiter les enfants et les familles, jusqu’à aujourd’hui, alors que je travaille avec d’autres professionnels de la santé à comprendre les mécanismes, les valeurs, les croyances des personnes quand elles ont recours à des services de santé. Ce qui est au cœur de mon cheminement, c’est le fait de m’intéresser à la personne et aux communautés. »


Si elle conçoit que cela puisse paraître cliché, elle croit que, si un candidat souhaite entreprendre des études de médecine dentaire, il doit bien sûr aimer étudier, mais avant tout les gens.


« C’est une très belle profession, mais il faut la pratiquer avec humilité, prévient-elle. Être à l’écoute, se questionner sur son action, son rôle, ses valeurs. »


Une profession de plus en plus féminine alors que, d’année en année, une majorité de filles compose les cohortes à l’université. Toute jeune diplômée en 1981, la Dre Charbonneau se souvient cependant avoir été la 1re femme dentiste dans sa région. Elle raconte à la blague que les parents lui envoyaient leurs enfants en 1er, parce qu’elle était une femme et que, si ça fonctionnait bien, le reste de la famille suivait.

« Ç’a été 10 années magnifiques, se souvient-elle. Dans mon cabinet, il y avait un mur de dessins, et certains d’entre eux m’offraient leurs petits trésors. Lors des journées pédagogiques, je traitais les enfants les uns après les autres. Tout le monde chantait. J’adorais ça. »

Justice sociale

Pourtant, le désir d’en apprendre plus est trop fort. Elle reprend alors des études et obtient d’abord une maîtrise en santé communautaire en 1995, puis un doctorat en santé publique en 1999, toujours à l’UdeM. Sa thèse porte alors sur l’accessibilité des personnes séropositives aux soins dentaires.

« À l’époque, certains dentistes ne voulaient pas traiter les personnes séropositives, et certains patients ne revenaient plus en clinique parce qu’ils avaient entendu parler de ce médecin américain qui avait contaminé une partie de sa patientèle », rappelle-t-elle.

« C’est une question de justice sociale, affirme Anne Charbonneau. Il y a des enjeux éthiques, mais aussi sociaux, avec toute la question de l’homophobie, mais aussi, si l’on parle de l’accessibilité des plus pauvres, du paternalisme. Ce n’est pas parce que l’on offre des services, même gratuits, qu’ils vont venir. Ils veulent être compris et écoutés. Le professionnel n’a pas forcément toutes les réponses, mais il est certain que le patient en détient une grande partie et que c’est en l’écoutant qu’on le comprend. »

Une problématique devenue son grand cheval de bataille aujourd’hui, alors qu’elle travaille en collaboration interprofessionnelle et en partenariat avec les patients et leurs proches.

« Je suis passionnée par les aspects psychosociaux de la santé, indique-t-elle. Par le fait de parler avec le patient, de comprendre son problème, de l’aider à cheminer, de l’assister dans sa prise de pouvoir et, surtout et toujours, de l’écouter. »

Les patients et aussi ses étudiants, puisque la Dre Charbonneau fait par ailleurs partie de l’équipe des sentinelles de l’UdeM, ces phares qui soutiennent les étudiants en proie à de la détresse psychologique. Encore et toujours depuis bientôt 40 ans, avec la même volonté et le même besoin d’écouter et d’aider.