Passer au contenu

/ Faculté de médecine dentaire

Je donne

Rechercher

Florence Morisson

(Orthodontie 1993)

Dre Florence Morisson a remporté le prix Innovation 2021, lors de la 1re édition du gala Distinction, organisé par la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Montréal (UdeM). Cette récompense vient saluer ses 30 années de recherche et de clinique consacrées à l’amélioration des conditions de vie des patients souffrant d’apnée du sommeil.

« En 1993, lorsque j’ai commencé à m’intéresser au sujet, mes confrères riaient de moi en me disant que je perdais mon temps et que ça ne mènerait jamais à rien, raconte-t-elle. Presque 30 ans plus tard, les dentistes doivent tous suivre une formation à ce sujet auprès de l’Ordre des dentistes. »
Après avoir obtenu en 1989 son diplôme de la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Rennes, en France, la Dre Florence Morisson s’installe à Montréal pour suivre un programme de spécialisation. Elle effectue son certificat en orthodontie de l’UdeM en 1993 et décide de poursuivre ses études. Développant alors un intérêt pour les domaines du ronflement et de l’apnée du sommeil, elle y consacre 7 années d’études et décroche un doctorat en sciences neurologiques de l’UdeM en 2002.

« Ce prix Innovation vient mettre un peu de lumière sur un travail fait dans l’ombre à un moment où le sommeil n’était pas à la mode », se réjouit-elle.

L’apnée obstructive du sommeil : des conséquences substantielles

Le ronflement, qui touche 1 adulte sur 5, est souvent considéré comme un problème de santé bénin. Il peut cependant être le symptôme d’une maladie beaucoup plus grave : l’apnée obstructive du sommeil (AOS).

Cette dernière, qui affecte 2 % des femmes et 4 % des hommes de 30 à 60 ans, entraîne des conséquences substantielles, puisqu’elle peut être liée à des accidents de la route – en raison de la fatigue qui augmente le risque de somnolence au volant –, à un risque cardiovasculaire accru et, finalement, à une hausse de la mortalité.

« Or, il est possible, dans certains cas, de traiter cette affection chez le dentiste, indique la Dre Morisson. Des études montrent que l’utilisation d’une orthèse d’avancement mandibulaire peut être un excellent choix pour régler le problème. Cet appareil dentaire, qui ressemble à un protecteur buccal et que le patient porte seulement la nuit, sert à pousser la mâchoire inférieure vers l’avant et ainsi à ouvrir les voies aériennes supérieures. »

Si Florence Morisson a été la 1re dentiste au Québec à proposer des orthèses pour traiter l’apnée, ils sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à s’y intéresser. Plusieurs ont notamment ajouté des questions sur le sommeil dans les formulaires qu’ils remettent à leurs nouveaux patients.

« Nous avons des patients qui viennent nous voir parce qu’ils ronflent, explique la lauréate du prix Innovation. Avant de démarrer ce type de traitements, il est crucial de vérifier la présence ou non d’AOS afin de repérer ceux qui sont à risque et de les traiter. Cette évaluation doit être faite dans un laboratoire des troubles du sommeil par un médecin spécialisé. Une fois le diagnostic posé, le pneumologue peut nous renvoyer le patient pour évaluer s’il est susceptible de recourir à une orthèse. »

Seuls les patients atteints d’une apnée légère à modérée (moins de 30 événements apnéiques par heure) et ayant la mâchoire inférieure positionnée vers l’arrière sont en effet admissibles. Quant aux personnes obèses, leur condition les met à risque d’un échec au traitement. Elles sont donc, dans un 1er temps, dirigées vers le pneumologue qui fera l’essai d’un masque CPAP et, en cas d’échec, vers un dentiste pour tester une orthèse.

« Le dentiste détient l’expertise pour décider si la condition buccale du patient est compatible avec l’utilisation d’une orthèse, pour déterminer le type d’appareil approprié et pour procéder à sa mise en place et à son ajustement », souligne la Dre Morisson.

De plus en plus d’enfants

Aujourd’hui, 30 % de la patientèle de sa clinique orthodontique située à Saint-Hubert, sur la Rive-Sud de Montréal, consulte pour un traitement de l’AOS. Des patients adultes principalement, mais de plus en plus jeunes, et même maintenant des enfants.

« Certains enfants présentant une fatigue chronique, une hyperactivité ou un trouble de l’attention peuvent souffrir d’apnée du sommeil, affirme-t-elle. Pourtant, les pédiatres ou les cliniques de neuropsychologie les réfèrent rarement à une clinique du sommeil avant de poser leur diagnostic. C’est dommage, car même si ces enfants ont réellement un TDA(H), s’ils font en plus de l’apnée du sommeil, ça ne fait qu’accroître les symptômes. »

Durant son doctorat à la fin des années 1990, Florence Morisson a été professeure et chef du Service d’orthodontie de l’UdeM, où elle a enseigné l’orthodontie aux étudiants en médecine dentaire. Si elle a décidé par la suite de lancer sa pratique privée, elle demeure aujourd’hui impliquée dans de nombreux projets de recherche.

Elle travaille notamment de près avec les laboratoires mettant au point les orthèses afin d’en améliorer les prototypes. Elle donne également plusieurs conférences, au Canada, mais aussi à l’international, pour partager une expertise qu’elle a été la 1re à développer au Québec.

« Je ne saurais dire pourquoi, mais, déjà en 1993, j’étais profondément persuadée que je pourrais apporter quelque chose à mes futurs patients en travaillant sur l’AOS, conclut-elle. Quelques milliers d’orthèses plus tard, je pense y être parvenue ! »