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Sandra Verdon

(médecine dentaire 2010)

Sandra Verdon vient de remporter le prix Humanisme 2021, lors de la 1re édition du gala Distinction, organisé par la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Montréal (UdeM). Une reconnaissance bien méritée pour cette diplômée 2010 qui, avec la création de sa clinique dentaire mobile, contribue au bien-être et au soutien des populations vulnérables.

Dre Sandra Verdon : pour l’accessibilité des aînés aux soins dentaires

Sandra Verdon vient de remporter le prix Humanisme 2021, lors de la 1re édition du gala Distinction, organisé par la Faculté de médecine dentaire de l’Université de Montréal (UdeM). Une reconnaissance bien méritée pour cette diplômée 2010 qui, avec la création de sa clinique dentaire mobile, contribue au bien-être et au soutien des populations vulnérables.

« J’ai pris conscience du problème de l’accessibilité aux soins dentaires lors d’une expérience que j’ai eue au sein d’une clinique pédiatrique à vocation sociale, raconte-t-elle. Je traitais alors des patients, souvent des immigrants qui n’avaient pas encore de carte d’assurance maladie. Certains avaient des troubles du développement, des déficiences. Nous avons par ailleurs monté plusieurs projets communautaires en dentisterie auprès de patients âgés en perte d’autonomie. »
« Même si nous adaptions notre pratique de dentisterie, même si notre clinique était aménagée pour accueillir cette population, les préposés et les familles nous confiaient que c’était difficile d’aller chez le dentiste, ajoute-t-elle. Ce sont eux qui m’ont dit que, si je venais à domicile, ça les aiderait tellement! »
Cette demande ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde. Sandra Verdon effectue ses recherches et trouve des exemples de cliniques mobiles ailleurs dans le monde, et même ici, au Québec. Elle entre en contact avec ces dentistes précurseurs et décide de s’équiper et de se lancer dans le tout mobile.
Avec sa camionnette, sa chaise longue pliante, son compresseur portatif et ses valises à outils – une par patient –, elle s’en va sur les routes du Grand Montréal et même parfois jusqu’aussi loin que Victoriaville. On est en octobre 2019.
« J’ai frappé un mur, s’exclame-t-elle, j’étais vraiment naïve! Je n’avais pas conscience que les besoins étaient aussi immenses. Les conditions dentaires de nos personnes âgées sont catastrophiques, même pour des gens qui ont pris soin de leurs dents toute leur vie. À un moment, ils perdent leur autonomie sur le plan physique ou cognitif et ne peuvent plus s’occuper de leurs dents de façon quotidienne. Très vite, ça dégénère, et la détérioration est irréversible. Il faut extraire la ou les dents. »

Un lien entre santé buccodentaire et globale

Cinq mois après le lancement de sa clinique, le 13 mars 2020, c’est le confinement. Elle n’a plus accès à ses patients dans les résidences et les CHSLD, qui sont fermés au public. Certains décèdent de la COVID-19. Une période éprouvante pour elle, même si elle affirme que la pandémie aura au moins eu ça de bon qu’elle a conscientisé la société au sort peu enviable réservé à ses aînés.
« On s’est entre autres rendu compte que nous avions besoin d’offrir plus de soins à domicile, note-t-elle. Jusque-là, il y avait les soins infirmiers et les préposés. Mais il faut développer les consultations médicales, les soins palliatifs et aussi la dentisterie. »
Parce que l’on sait aujourd’hui qu’il y a un lien entre la santé buccodentaire et globale. La glycémie, l’hypertension et même l’Alzheimer peuvent être liées à des maladies parodontales. Les problèmes de dents viennent par ailleurs exacerber les symptômes et les souffrances de patients atteints de maladies dégénératives. La douleur les rend plus agités et agressifs, et ceux qui vivent de l’anxiété ou de la dépression vont avoir tendance à davantage pleurer.
« Si on règle leur douleur, les résultats sont instantanés, affirme la Dre Verdon. Ils dorment mieux, sont plus calmes et souriants. Et ils recommencent à manger. À 90, 95, voire 100 ans – puisque je compte des centenaires parmi mes 450 patients –, manger est l’un des derniers plaisirs qui leur restent dans la vie. Lors d’une maladie dégénérative, entre le diagnostic et le décès, il peut se passer jusqu’à 12 ans. C’est un privilège de pouvoir les accompagner dans leur fin de vie et d’œuvrer à l’amélioration de leurs conditions de vie. »

Une population vieillissante

Sandra Verdon l’avoue, elle est un peu tombée dans la dentisterie par hasard. Au cégep, il fallait faire un choix, et elle a eu le coup de foudre lorsqu’elle a visité les laboratoires de la Faculté de médecine dentaire de l’UdeM.
Elle ne regrette rien et se souvient de ses années sur le campus comme ses plus belles. Son sentiment d’appartenance à son alma mater et à sa faculté est immense, et elle applaudit d’ailleurs la récente création d’un fonds de bourses destiné aux étudiants et futurs professeurs en médecine dentaire, souhaitant se spécialiser en gérontologie.
« La situation démographique du Québec est telle que nous aurons besoin de dentistes spécialisés en gérontologie dans un avenir très proche, prévient la dentiste. En tant que société, nous vivons dans le déni collectif de notre propre vieillissement. Mais dans tous les domaines, les pratiques doivent s’adapter. En dentisterie aussi. »
Autre préoccupation pour la Dre Verdon : l’accessibilité aux soins, mais cette fois financière, alors que nombre de personnes de plus de 65 ans perdent l’assurance dont ils bénéficiaient, lorsqu’ils prennent leur retraite.
« Sans parler des personnes qui vivent de l’assistance sociale, qui ont droit à un minimum de soins dentaires, conclut-elle. Celle-ci aussi s’arrête à 65 ans, et ce n’est pas avec leur rente du Québec qu’ils vont pouvoir se payer des soins dentaires. La précarité financière, c’est vraiment la plus grande barrière pour les personnes en fin de vie. »

Source : Réseau des diplômés et des donateurs